Association Lara Kapsikis

Amitié Nord Cameroun – Pays de Vannes

Octobre 2008 (II)

by lara.kapsikis - octobre 26th, 2008.
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Dimanche 26 octobre

Avakumbadao!! Bonsoir, bonsoir…

Je suppose qu’il doit commencer à faire frais en Bretagne en cette fin d’octobre. Chez nous aussi, la fraîcheur se fait sentir. Nous entamons une petite saison quasi « automnale » , avec du vent, des matinées et des nuits fraîches et beaucoup beaucoup de poussière à cause de l’harmattan! C’est incroyable, la poussière s’infiltre partout. Et il paraît que ce n’est rien pour le moment. Dans quelques semaines, ce sera pire encore… Je n’imagine même pas. Comme je suis située au bord d’une des routes principales de la ville, le passage des camions et des voitures ne fait qu’amplifier le problème! A part ça, le climat est agréable, il fait environ 30° dans la journée. Dire que dans quelques temps, il faudra sortir les pulls! Contrairement aux idées reçues, ici aussi ils connaissent le froid. Les températures peuvent descendre jusqu’à 15° vers novembre-décembre et parfois il peut faire seulement 10° en montagne, comme à Douroum ou Rhumsiki.

Je reviens justement de Douroum où j’ai passé ma première semaine de travail sur le terrain à la rencontre des villageois. Ça a été une semaine vraiment exceptionnelle! J’ai été marquée par l’enthousiasme, la sympathie et le courage des villageois. La mentalité ici est très différente de celle de Maroua. A Maroua, les gens sont très sympathiques mais souvent assez hypocrites. Tu ne sais pas toujours s’ils t’apprécient pour ta personne ou pour ton argent! Par contre, dans les villages, les gens sont véritablement heureux de me voir arriver. Ils me saluent de loin avec un grand sourire aux lèvres, viennnent me serrer la main chaleureusement. Je vois à quel point ils sont contents d’accueillir des voyageurs chez eux, de leur faire découvrir leur quotidien, d’échanger quelques mots… je ne sais pas si ce sera la même chose à Rhumsiki, mais en tout cas, j’ai été enchantée à Douroum. Et puis, ça m’a fait tellement de bien de quitter un peu la ville, d’apprécier le calme et le cadre reposant du village. Je me sens vraiment bien dans cet environnement authentique et pittoresque, les paysages autour sont fabuleux!

Douroum est un canton qui regroupe 6 villages et compte 12 000 personnes. Je ne pensais pas que c’était si grand mais les villages sont très éloignés les uns des autres, on ne s’en rend pas vraiment compte! J’ai passé la semaine à parcourir le canton à pied, découvrir la vie quotidienne des villageois et partager le plus de moments possible à leurs côtés. J’ai rencontré 4 groupes de villageois, avec pour chacun une trentaine de représentants. Je les ai invités à se présenter, à me parler de leurs activités et de la vie au village et bien sûr, ils m’ont fait part des difficultés de vie dans cette région reculée et sévèrement touchée par la pénurie d’eau. C’est le problème prioritaire que j’ai relevé dans chaque équipe. Tout tourne autour de ce problème, c’est un cercle vicieux. En mars-avril, en pleine saison sèche, la vie devient extrêmement difficile. Les femmes sont obligées de faire des kilomètres à pied pour descendre au puits le plus proche. Parfois, l’eau vient tellement à manquer qu’elles doivent dormir à côté du puits pour s’assurer d’avoir un seau pour tenir 2 jours. Ensuite, il faut retourner au saré très tôt le matin pour écraser le mil à la main! (car les moulins ici sont rares) et préparer le couscous pour le midi (la boule de mil). Du coup, elles n’ont pas le temps de faire d’autres activités qui pourraient leur rapporter un peu d’argent. L’activité principale des villageois est l’agriculture qui ne permet même pas de satisfaire les besoins alimentaires de la famille. Ici, les gens mangent du mil tous les jours de l’année. C’est quasiment le seul plat qu’ils consomment. Ils cultivent aussi l’arachide et le niébé ainsi que le coton, le maïs et un peu de riz qu’ils gardent pour le vendre au marché. Ils ne les consomment eux-mêmes que rarement. Avec le peu d’argent qu’ils touchent en vendant ces récoltes, ils peuvent tout juste payer l’école aux enfants, les vêtements et les médicaments. La vie est donc très difficile. Certaines familles font aussi de l’élevage et vendent les bêtes au marché mais chaque année les animaux sont touchés par des épidémies ravageuses et souffrent du manque d’eau.

Ce qui est incroyable pourtant c’est que, malgré toutes ces difficultés, les gens semblent heureux de vivre. Ils sourient et rient très facilement, ils sont extrêmement courageux. La pauvreté ne se lit pas sur les visages et pourtant elle est bien présente. Mais les gens savent préserver leur dignité en toute situation. Ce sont des gens profondément humains, chaleureux, ouverts et respectueux. Ils connaissent plus que tout la solidarité et la fraternité et c’est sans nul doute ce qui les encourage à garder espoir au quotidien, à ne jamais baisser les bras et tout faire pour le développement de leur village. Ils sont d’ailleurs très bien organisés et font beaucoup de choses par eux-mêmes. Avec le soutien financier de Jean Raison (qui est quelqu’un de très reconnu à Douroum, pour toutes les actionss solidaires qu’il fait envers sa communauté), ils ont réalisé plusieurs puits et aussi des radiers et des biefs pour faciliter l’accès au village. Ils améliorent l’état de la piste chaque année, cotisent pour divers projets de développement, participent au reboisement du village, etc…

J’ai été vraiment bien accueillie par les communautés. Ils ont l’air motivés et prêts à s’impliquer de nouveau pour améliorer le fonctionnement de l’activité touristique qui favoriserait des retombées financières pour leurs futurs projets. Ils savent que nous ne venons pas leur apporter de l’argent et ici ils ont l’habitude de mettre la main à la pâte…

Nous allons partir bientôt à Rhumsiki, dans la montagne des Kapsikis pour commencer le travail d’approche avec les villageois.

Je vous envoie le soleil, la bonne humeur et la joie de l’Extrême-Nord!!

Dasoï , Sipasmékéléhe… (au revoir et à bientôt, en Mofou! … J’ai commencé à apprendre le Mofou qui est une langue magnifique).

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